SUPERETTE D'OPERETTE
Nous lisons dans le Perroquet Libéré une information sidérante : Monsieur Delanoë aurait concédé (ni loué ni vendu) à une supérette casher un local commercial rue Riquet (19e), à côté du marché couvert, dans le but de relancer l'activité du marché. Le hic, c'est que le marché bat son plein le samedi, jour où la supérette est fermée pour cause de sabbat. Donc les commerçants se plaignent, la concession est retirée avec une indemnité de 600.000 euros sortant tout droit de notre poche de parisiens, au nom, tenez vous bien, de la continuité du service public.
Vous avez bien lu : l'épicerie est un service public! Demain nous nationaliserons les boulangeries, puis les pressings, les bouchers, les charcutiers, le prêt à porter, la cosmétique, pour la pharmacie c'est déjà bien avancé... On peut étendre à l'infini la notion de service public : tant qu'il y a quelque chose qui peut nous être utile dans notre vie quotidienne on peut le considérer comme un service public. Les Russes l'ont fait. Tout le monde sait ce que cela a pu donner. Tout le monde sauf nos étatistes forcénés (de gauche et de droite).
Au delà du côté anecdotique de ce qui n'est finalement qu'une bourde, cette histoire m'amène à réfléchir aussi sur la survie du petit commerce à Paris. Déjà analysons le problème du marché Riquet.
Ce marché est situé dans un quartier où il est notoire qu'une importante communauté juive est présente. D'où l'intérêt pour cette supérette de s'y installer. On se demande alors si la baisse de fréquentation du marché n'est pas due, quelque part, à une mauvaise analyse de la clientèle. Pourquoi le marché Riquet ne serait-il pas ouvert le dimanche? Il est logique que les commerces s'adaptent à leurs clients, l'inverse ne marche pas. Le petit marché (non couvert) de la Porte Dorée, boulevard Poniatowski, n'est ouvert QUE le dimanche et le jeudi. Or, sauf rue Riquet, la plupart des gens fait ses courses le samedi. Le marché Poniatowski perd des clients. Il n'y a rien à faire à ça.
La politique anti-bagnoles est aussi une arme fatale pour nos commerçants. Autrefois, lorsque ces marchés se sont créés, les femmes ne travaillaient pas et ne conduisaient pas, donc faisaient leurs courses tous les jours et ne ramenaient pas des paniers de 15 kilos. Carrefour n'existait pas. Or pour aller de la rue Riquet chez Carrefour ou Auchan il ne faut qu'une dizaine de minutes. La création d'un parking souterrain sous le marché serait peut être un plus pour ces commerçants? Ce n'est même pas envisageable avec cette équipe municipale. A noter que si les riverains les plus éloignés du marché prenaient leur voiture pour aller à Riquet plutôt qu'à Carrefour ou Auchan, ils ne pollueraient pas davantage, mais au moins ils éviteraient de ramener des tonnes d'emballages en polystyrène ou polypropylène qui encombrent nos poubelles. Voilà de l'écologie facile!
Bien sûr c'est dans le 19e, mais cet exemple est vrai ailleurs. Dans notre rue Montgallet, où l'installation de Surcouf avenue Daumesnil a généré un véritable appel d'air pour des fournisseurs de matériel informatique, les pouvoirs publics se plaignent de la mono-activité, mais ont tout fait pour faire fuir les commerçants en empêchant les gens de se garer et en créant des taxes et des réglementations de tout et n'importe quoi sur les vitrines, les terrasses, les décorations, les stores, les rideaux... que sais-je encore? Les commerces d'informatique ne sont pas concernés : il n'ont ni stores, ni devantures, ni décoration : leurs vitrines sont couvertes d'étiquettes. C'est moche, mais pas taxé.
Nous reparlerons plus tard de la rue Montgallet et de la mono-activité. Il y a beaucoup à dire.