ANGELA CHEZ LES EUROCRATES
Angela Merkel préside pour six mois l'Union Européenne et s'est donné pour objectif de relancer le projet de constitution européenne.
Elle a parfaitement raison, car un fonctionnement à l'unanimité pouvait aller avec 6 ou 9 membres, était difficile à 12 ou 15, mais devient impossible à 25 ou 27. Les états européens sont très variés en taille, en population, en culture, en économie. Leurs intérêts et leurs souhaits divergent nécessairement.
Pourquoi l'UE a t-elle besoin d'une constitution? Simplement parce qu'un certain nombre de tâches doit pouvoir être assuré au niveau européen. Le terrorisme, l'immigration clandestine, la grande criminalité, qui se nourrissent d'ailleurs les uns des autres, certains problèmes diplomatiques n'ont pas de frontières définies. Or il faut bien préciser les domaines de fonctionnement de l'Union, et lui donner des moyens.
Que doit contenir une constitution? Elle doit s'appuyer sur les valeurs et les droits fondamentaux de notre civilisation. Le droit de propriété, la liberté individuelle, l'égalité devant la loi, la sécurité des citoyens sont intangibles. Le reste n'est que démagogie et doit être proscrit. Elle doit indiquer qui fait quoi : un pouvoir législatif qui doit craindre la sanction des citoyens, un pouvoir exécutif indépendant du législatif. Elle ne doit avoir aucune connotation politique et ne pas donner d'orientations stratégiques : c'est le rôle des électeurs, qui vont choisir des représentants en fonction de leurs opinions, avec des possibilités d'alternance, comme dans tout système démocratique. Enfin, elle doit limiter les interventions de l'Union en mettant en place des contre-pouvoirs, afin d'éviter les dérives étatiques que nous connaissons chez nous.
La constitution proposée par Giscard en faisant un amalgame illisible de plus de 300 pages était vouée à l'échec. Son sabotage incomba à la France mais je suis sûre que beaucoup de citoyens européens ont hypocritement rigolé en douce, bien contents que ce projet constructiviste capote. Il y était oublié d'ailleurs un principe simple mais important : la subsidiarité. C'est à dire qu'aucune décision qui PEUT être prise à un niveau bas ne doit remonter. C'est aussi le principe de la liberté individuelle et de la responsabilité qui s'ensuit.
Nous attendrons donc avec impatience de connaître les propositions de l'Allemagne.