POUVOIR D'ACHAT ET CROISSANCE ECONOMIQUE
A l’heure où l’on nous rebat les oreilles avec une hypothétique croissance, la baisse du chômage et la consommation des Français dont la dette s’envole et l’épargne diminue, on s’aperçoit que le pouvoir d’achat est devenu priorité n°1.
Lorsque Villepin nous a promis de faire régresser le chômage, j’ai dit et écrit que c’était une manœuvre de bluff électoraliste et qu’il se créerait spontanément des emplois puisque dès la fin 2005 ont commencé à partir en retraite les anciens baby-boomers des années 45-50. Il ne pouvait donc pas perdre son pari. Surtout en y ajoutant des emplois publics et des emplois aidés (qui créeront du chômage à terme mais peu importe ce sera après les élections) et en initiant le plan Borloo (monsieur Femmes de Ménage) : du nom de celui dont la grande ambition pour la France est de fabriquer en masse des femmes de ménage ; cela n’empêchant pas nos cerveaux de continuer à fuir. Le plan consiste essentiellement à remplacer des jobs de femmes de ménage au noir par des jobs déclarés mais dont contribuables et entreprises paieront les charges sociales. Nous en reparlerons.
Le fait que les Français consomment signifie qu’ils puisent dans leur épargne. Leur endettement est passé à 64% de leurs revenus. S’il faut se réjouir que beaucoup s’endettent à long terme pour accéder à la propriété de leur logement, l’endettement à court terme sur des crédits à la consommation est plutôt préoccupant.
En logique économique ce n’est pas la consommation qui crée la croissance, mais l’investissement des entreprises. C’est un processus long : l’entreprise investit avec l’épargne des citoyens en bourse, les fonds propres des dirigeants, et des réserves venant des bénéfices. Ce faisant elle génère des emplois qui vont fournir des salaires, donc du pouvoir d’achat et d’épargne. La part épargnée reviendra partiellement sous forme de nouvelles possibilités d’investissements (en France ou ailleurs), tandis que la part dépensée favorisera les ventes de l’ensemble des entreprises (en France ou à l’importation) donc les bénéfices, facilitant encore l’investissement et ainsi de suite… Il se créera une spirale positive. Or sans cette part d’investissement, la consommation ne peut aller que vers des produits étrangers qui ne créeront pas un emploi en France, puisque, avant d’acheter il faut commencer par produire. Malheureusement les Français détestent tellement l’entreprise qu’ils investissent de préférence dans des emprunts d’état ou des plans d’épargne étatisés qui n’apportent pas une goutte de capital neuf à nos sociétés. Et quand ils cessent d’épargner c’est pour s’endetter sur l’achat de matériel hi-fi taïwanais ou de voitures coréennes. Quant aux dirigeants ils sont guettés par l’ISF et harcelés par l’URSSAF, donc, ils préfèrent investir leurs fonds propres au Luxembourg. Tout cela n’est pas fameux pour
Les entreprises qui investissent malgré tout pourraient créer deux fois plus d’emplois si à chaque fois qu’elles recrutent, elles n’étaient pas obligées d’embaucher le clone de l’employé dans la fonction publique (clone qui en plus ne servira qu’à lui empoisonner la vie en générant de la paperasse) : prenons une fiche de paie de 2000 euros nets, il y a dessus environ 2000 euros de plus de charges sociales en cumul (patronal + salarial + taxes). Donc chaque salarié entretient un fonctionnaire à temps plein. Résultat les sociétés tournent en sous-effectif chronique, les employés sont stressés et mal payés, et les maudites 35 heures aggravent la situation car ils font en 35 H payées 35 le boulot de 39 heures, pendant que leur clone fonctionnaire fait en 35 H payées 39 le boulot de 32 heures (hors grèves). Le plan Borloo en rajoute puisque le patron va avoir le privilège d’abonder une part du salaire de la femme de ménage de son employé et de celle de son clone fonctionnaire. Ainsi non content d’embaucher deux personnes quand il n’en veut qu’une, il va aussi leur fournir à chacun un employé à temps partiel. Et vous voudriez qu’il embauchât ?
Et le pouvoir d’achat dans tout ça me direz-vous? Pas besoin de chercher loin pour voir que si seulement 12 millions1,2 de personnes sur 25 millions d’actifs1 travaillent dans le privé, que 9 travaillent directement ou indirectement dans le public1 pour dépenser en redistribution les ressources gagnées par les 12 premiers, et que tout le reste est sans emploi, au chômage ou assisté, ces 12 millions de personnes (patronat exclus) qui font plus ou moins partie de la classe moyenne tiennent toute l’économie française à bout de bras et entretiennent
Lorsque dans un couple de deux enfants l’un des deux est obligé de travailler pour payer les impôts et le loyer, parce que le salaire brut médian en France (1484 euros par mois en 2004 alors que le salaire moyen était à 1903, selon INSEE3) ne permet pas de se loger et de vivre convenablement, il y a de quoi s’inquiéter. Pour mémoire un F3 de 65-
Si nous voulons que le salarié Français soit en mesure de se loger et de vivre décemment, et d’entretenir la croissance, il n’y a pas 36 solutions : supprimer l’ISF, les 35 heures pour que les gens aient le choix de travailler plus et de gagner plus, déréglementer le travail, dont les règles doivent résulter de négociations entre le patronat et des syndicats représentatifs, et pas entre le ministre et les syndicats de la fonction publique, diminuer drastiquement la part de la fonction publique dans l’activité économique, remplacer les aides sociales par un crédit d’impôt et laisser le libre choix des assurances retraite, vieillesse et chômage.
1) chiffres estimatifs
2) dont non salariés, salariés à temps partiels, salariés exonérés de charges (emplois aidés, dont les charges se rajoutent à celles de ceux qui les paient déjà)
3) le salaire médian correspond au salaire situé sur la courbe à 50% de la population salariée (c'est-à-dire que 50% des salaires sont inférieurs ou égaux à ce chiffre et 50% sont supérieurs ou égaux), le salaire moyen est la somme de l’ensemble des salaires divisée par le nombre de salariés, mais c’est un moins bon indice car il est perturbé par les écarts de salaire vers le haut (salaires atypiques), le bas, lui, étant réglementé (SMIC). Il s’agit exclusivement de salaires plein-temps.