C'EST LA RENTREE
Hé oui ! Même le temps maussade nous rappelle que les vacances sont finies. Nous revoilà faisant la queue dans les rayons papeterie pour que nos chérubins soient prêts le jour J, cartable au dos.
La petite histoire qui suit ne se passe pas à Paris. Elle m’a été envoyée par notre ami Jean Louis Caccomo, mais elle illustre bien l’absurdité d’un système étatique dont nous ne voulons plus.
L’expérience interdite
L’histoire se passe dans l’école primaire d’un village de mon département. Cette école, située dans une zone sensible, compte dans ses effectifs d’écoliers quelques cas très difficiles à gérer pour les professeurs. Ce sont, en effet, des enfants caractérisés par un handicap physique lourd : autiste, épileptique, handicapés mentaux. Il s’est rapidement avéré évident, pour l’ensemble du corps enseignant, que ces enfants ne pouvaient pas être traités comme les autres, les techniques pédagogiques et les programmes scolaires suivis par les enfants normaux (mais je n’ose utiliser ce qualificatif sous peine d’encourir le reproche de discrimination) n’étant pas du tout à la portée de ces enfants. Mais il faut croire que cela n’avait pas sauté aux yeux de l’inspection académique, engluée dans ses normes officielles et procédures technocratiques. D’un commun accord, les professeurs et le directeur ont alors procédé à une réaffectation des effectifs dans les classes afin de pouvoir, à nombre de postes inchangés, créer une classe à part regroupant les cas les plus difficiles dans un même groupe. Les professeurs d’école ont alors accepté d’avoir des classes à plus de 25 élèves (ce qui est considérée comme un effectif surchargé selon les critères de l’inspection académique) car un tel groupe s’est avéré dans la pratique plus aisé à gérer qu’un effectif moindre mais perturbé par la présence d’un cas difficile (qui suppose une approche pédagogique particulière et adaptée). Dans le même temps, un professeur d’école s’est porté volontaire pour relever le défi d’enseigner dans cette classe à effectif réduit mais ne comportant que les cas les plus lourds. Un économiste comprend que l’on accepte plus facilement les inconvénients d’une solution que l’on a trouvé spontanément par soi-même plutôt que les avantages d’un système que l’on vous impose d’en haut. C’est pourquoi cette expérience s’est avérée très positive. Un enfant handicapé ne se sent différent et bizarre qu’au milieu d’enfants qui ne sont pas frappés d’un tel handicap. Par contre, dans la classe adaptée, chacun des enfants s’est perçu et vécu comme normal : dans sa classe, il était comme les autres et les enseignements du maître était accessibles. Il y a toujours d’heureux enseignements et d’heureux résultats à tirer dune expérience ; c’est pourquoi il faut pouvoir multiplier les expériences. Mais, au pays du centralisme et de l’éducation nationalisée, que croyez-vous qu’il advient ? Faisant fi des résultats et des enseignements issus du terrain, l’inspection académique mit fin à l’expérience (elle pourrait susciter des émules et aboutir finalement à l’autonomie des écoles) sous le prétexte que les effectifs des classes ne respectaient plus les critères de l’administration. Et notre chère Ségolène na-t-elle pas inscrit dans le marbre de son ministère qu’il fallait mélanger les enfants et ne jamais discriminer au nom de la mixité sociale. Il faut préparer l’enfant d’aujourd’hui à être l’adulte de demain dans la société collectivisée et administrée que nos élites nous préparent. Et je n’ai pas encore vu un seul ministre de droite, ayant repris ce ministère, remettre en cause ce dogme qui nous conduit pourtant tous à notre perte. Au fait, dans quel établissement madame Ségolène Royal scolarise-t-elle ses enfants… J.L. Caccomo, Perpignan, le 7 octobre 2004
Cette rentrée sera-t-elle différente des précédentes ? Non, bien sûr : toujours la carte scolaire obligatoire (pour les parents mais pas pour l’académie), toujours les mêmes règles rigides dans le programme et l’organisation, toujours les matières annexes qui s’empilent : « vie de classe », instruction socialiste, et maintenant écologisme, au détriment des matières importantes. Toujours des manuels scolaires imprégnés de désinformation marxiste.
Le ministre veut supprimer la méthode globale au CP, les profs frondent, alors qu’ils sont les premiers à reconnaître que cette méthode ne marche pas. Ne serait il pas plus simple de laisser les écoles choisir leur méthode et les élèves choisir leur école ? Ainsi nous verrions quels établissements réussissent et pourquoi.
Nous avons envie de dire : « plus jamais ça ». Pourvu que ce soit la dernière rentrée sans liberté, sans choix, sans recherche d’excellence, la dernière rentrée du nivellement par le bas.
Nous voulons que les parents aient le choix des établissements ; que ceux-ci soient autonomes ; que les directeurs d’établissements puissent choisir, évaluer et promouvoir les professeurs ; qu’ils aient à rendre des comptes à la fois à l’administration et aux parents ; qu’on en finisse avec la dictature des syndicats et de l’administration ; enfin, qu’on arrête le pédagogisme et la manie du ludique : apprendre sans efforts n’est qu’un leurre dangereux.
Le but de l’école devrait être d’apprendre à chaque enfant à tirer le meilleur de lui-même. Nous en sommes bien loin !