FOUTEZ LA PAIX A NOS ENFANTS
LETTRE OUVERTE AU PRESIDENT SARKOZY
Monsieur le Président,
Avec tout le respect que je vous dois,
FOUTEZ LA PAIX A NOS ENFANTS !
L’école est là pour faire de nos enfants des adultes instruits et capables de raisonner. Elle doit leur apporter l’esprit critique, le discernement, l’art de l’argumentation, bref, tout ce que nous appelions autrefois la rhétorique. Nous, les parents, sommes là pour les guider, leur donner le sens des valeurs, une morale, en faire des adultes responsables et sociables.
N’inversons pas les rôles !
A quoi sert de leur bourrer le crâne de bons sentiments, de repentance pour des actes qui datent d’un autre siècle, de culpabiliser leurs parents ou grands-parents à travers eux à coup de lettre de Guy Moquet ou d’adoption virtuelle d’une victime de la Shoah ? N’est-il pas plus utile de leur donner le goût de la lecture et de l’histoire, et de laisser les professeurs leur conseiller des ouvrages comme le Journal d’Anne Franck, qui figure d’ailleurs dans les listes des professeurs de collège ?
Après les leçons biaisées sur l’écologisme directement tirées d’un tract de propagande de Greenpeace, après le catéchisme civique faisant l’apologie de l’égalitarisme et des « droits à », voici venir le temps du Mea Culpa républicain. Ce n’est plus de la laïcité, c’est la nouvelle religion d’état. La réécriture de l’histoire est devenue chose courante, la novlangue sévit dans l’éducation nationale et ailleurs, la HALDE veille au politiquement correct de rigueur, nous sommes surveillés, flashés, suivis à la trace partout et en tous lieux, et pour couronner le tout vous utilisez les médias pour nous faire avaler toutes ces couleuvres. Orwell aurait-il eu une vision avec un demi-siècle d’avance lorsqu’en 1948, il écrivit 1984 ? Il aurait aujourd’hui collé à la réalité en intitulant son livre « France, 2008 ».
La démocratie est un système fragile. Elle a beaucoup d’ennemis, et se défend mollement car elle refuse d’utiliser les méthodes de ses ennemis, précisément, sinon ce ne serait plus la démocratie. Après le XXe siècle qui a vu fleurir d’immondes dictatures, le XXIe est assez bien parti pour que s’épanouissent encore les fleurs du mal totalitaire. Le premier péril, et de loin, est l’islam radical, le second le sectarisme écologique. Mais nous voyons apparaître un peu partout le retour d’obscurantismes que l’on croyait disparus à jamais grâce, entre autres, à la connaissance scientifique et à l’élévation du degré d’instruction. Il est vrai que nous avons 80% de bacheliers dont le niveau est plus bas que les titulaires du certificat d’études des années 20. Notre civilisation n’a jamais été autant menacée.
Alors, notre devoir de parents, le devoir des professeurs, votre devoir de chef d’état, est de tout faire pour donner à nos enfants des armes face à ce danger. Et quelles meilleures armes peut-on leur offrir que de développer leur capacité de compréhension, leur sens de l’analyse et de la synthèse, leur talent à s’exprimer à l’écrit et à l’oral ? Donnons leur la force intellectuelle de démêler le vrai du faux, de ne pas se laisser prendre aux bobards, mais au contraire de savoir les dénoncer, les contrer. Sinon, nous en ferons des esclaves. Arrêtons de pleurnicher sur un passé heureusement révolu et regardons l’avenir en face. L’avenir, nous ne le ferons pas contre nos voisins européens, mais avec eux. Seulement la repentance, la culpabilisation, sont peu propices aux échanges. Vous rappellerais-je cette phrase du catéchisme, peut être la plus importante de toutes les leçons que notre culture chrétienne nous a données, et qui vaut autant pour les croyants que pour les agnostiques : « aime ton prochain comme toi-même ». Que peut-on rajouter à cela ? Avant d’aimer les autres, il convient de ne pas se détester soi-même, car nous voyons les autres à notre image. Nous sommes incapables de concevoir que nous puissions être plus mauvais qu’eux.
Bien sûr ce nouveau gadget vous sert d’alibi à la fois pour récupérer des voix juives (les municipales approchent), mais aussi pour cacher le manque d’ambition pour la France d’un septennat qui est fort mal parti. Nous attendions des réformes urgentes, nous n’en avons que l’ombre, à travers des discours enflammés, contredits le lendemain.
Et puis je soupçonne que ni vous ni aucun de vos concurrents n’avez envie que nos enfants soient plus avertis que les générations que l’éducation nationale s’ingénie à gâcher depuis les années 60. Les imbéciles sont plus faciles à manœuvrer que les gens intelligents. Si les Français étaient plus aptes à lire entre les lignes, à discerner les contradictions entre les discours de votre campagne électorale et les propositions que vous faisiez, vous ne seriez pas là. Jamais ils n’auraient voté pour un illusionniste, un marchand de vent. Madame Royal aussi en aurait fait les frais. Cependant, compte tenu des règles de la démocratie à la française, dans la brochette des 12 prétendants, je vous avoue que personne n’aurait vraiment pu avoir leur aval. Ils seraient allés à la pêche et nous aurions eu une sérieuse crise politique sur les bras. Alors, au fond, vous avez peut-être raison. Il est plus simple de s’accommoder de règles idiotes dont on profite que de les changer au risque d’y perdre : il faudrait se montrer compétent pour gagner !
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes respectueuses salutations.