QUAND LA BETISE ATTEINT SON COMBLE
Mon transporteur vient de m'adresser un fax que je résume en ces termes :
" La règlementation interdit aux poids lourds de rouler les jours fériés. Cela s'applique aussi au lundi de Pentecôte. Nous n'avons donc pas le droit d'assurer des livraisons le lundi 28 mai 2007."
Il faudrait savoir : soit c'est férié soit ça ne l'est pas.
Le lundi de Pentecôte est férié pour tous les services publics y compris les écoles, mais les salariés du privé sont tenus d'aller travailler sans être payés : leur salaire de ce jour là part directement alimenter une caisse d'assurance sociale spécifique aux personnes âgées. Une fois payés les frais de fonctionnement de cette caisse, il ne reste d'ailleurs plus un sou pour pourvoir au but recherché : climatiser les maisons de retraite.
On nous explique maintenant qu'ils doivent être à leur poste pour faire de la présence mais qu'ils n'ont pas le droit de travailler. De peur qu'ils fassent faire du profit à leur entreprise et que le patron ait l'idée saugrenue de leur donner une prime?
Rappelez-vous 2003. La canicule. Notre gouvernement s'est affolé devant l'hécatombe des personnes âgées. Il fallait les faire boire et leur brancher un ventilateur. Les maisons de retraite (au passage on s'est aperçu que certaines étaient vraiment lamentables) étaient débordées et les véhicules d'urgence n'assuraient plus... Surtout au mois d'août, période de vacances.
Si l'on fait le bilan sur une année on remarque qu'il n'y a pas eu plus de morts en 2003 qu'avant ou après. L'hiver très doux a profité à beaucoup de gens fragiles, mais ils n'ont pas passé l'été.
Et s'il y a eu des problèmes de fonctionnement et d'organisation dans les maisons de retraite, les hôpitaux et pour les urgentistes, personne ne s'est demandé si les 35 heures n'étaient pas la première raison de cette désorganisation. Personne non plus n'a osé demander à Monsieur Delanoë de fermer Paris-Plage parce que les embouteillages à Paris au mois d'août étaient exclusivement dûs à cette occupation inutile des quais de Seine, et que les véhicules d'urgence étaient empêchés de rouler.
Le phénomène de chaleur exceptionnelle de 2003 ne s'est pas reproduit, mais la corvée du lundi de Pentecôte, réservée au privé, reste et continue d'alimenter une nouvelle branche inutile de la fonction publique. A supposer qu'une nouvelle canicule nous tombe dessus, nous aurons exactement le même phénomène qu'en 2003, lundi de Pentecôte ou pas. Alors? Nous serons tenus de travailler à l'oeil le jour de Noël?