SATURNISME REGLEMENTAIRE
La France est le pays de la protection de tout et de n'importe quoi. Nous jouons tellement à nous faire peur que nous éprouvons le besoin constant d'être "sécurisés", pour employer le jargon énarchique. Bien entendu nous avons des politiciens formidables qui rebondissent immédiatement. Cela renforce leur pouvoir, les rend indispensables et permet de distribuer quelques fromages sous forme de place dans des organismes ou agences redondants. Pendant ce temps les Français s'appauvrissent, car il faut payer tous ces fromages, et s'affolent encore plus, donc demandent encore plus de protection. Ainsi va la France, doucement vers son déclin.
L'un des exemples les plus frappants de cette soif de sécurité à tout va concerne l'immobilier. Il faut protéger l'acheteur potentiel contre les dérives des propriétaires forcément malhonnêtes. C'est la recherche d'amiante qui a donné le ton. Suivie de très près par la loi Carrez, obligeant à faire mesurer les appartements par une société agréée. N'importe quelle agence immobilière est équipée pour le faire, certains règlements de copropriété donnent les dimensions de l'appartement, mais cela ne vaut pas. Il faut payer un intermédiaire. On vous délivrera un beau diplôme indiquant que vous n'avez pas d'amiante et mettrant votre logement au centimètre, mais le sésame n'est valable que quelques mois. Si vous n'avez pas vendu et que vous recommencez l'opération six mois plus tard, vous repartez à zéro.
On aurait pu s'arrêter là. Il a fallu rajouter les termites, le plomb, et les risques technologiques (loi Bachelot). Mettre des recours dans un contrat de vente est à la portée de n'importe quel juriste, mais faire faire un bilan complet en passant, là encore, par une société plus ou moins parasite, il va de soi que c'est la voie préférée des étatistes. D'autant plus que la seule chose vraiment importante est de savoir si l'on est dans une zone à catastrophe naturelle ou non. Mais cela tout le monde s'en fout, puisque nous payons une taxe (infime) sur notre police d'assurance et c'est l'état qui rembourse en cas de problème. Il aurait pourtant été bien plus efficace pour l'environnement de différentier les devis d'assurance habitation en fonction des risques répertoriés (les statistiques existent). C'est évidemment une proposition qui figure au programme d'AL. L'intérêt est évident : soit l'assureur propose un tarif rédhibitoire et le candidat à l'achat ira voir ailleurs, soit il lui impose des travaux afin de limiter ou éviter les dommages possibles. Ainsi on ne verrait plus des inconscients d'installer au bord d'un cours d'eau dont on connaît la propension à déborder tous les ans à la même époque, et réclamer ensuite des indemnités à l'état.
Ce n'est pas tout : aujourd'hui nous avons en sus le bilan énergétique. Soit 6 expertises différentes, qui seront reportées sur le coût d'achat du logement. Or, savoir que l'appartement que j'achète dans un immeuble ancien est une source de courants d'air inchauffable me permettra sans doute d'en faire diminuer le prix, mais personne ne m'obligera à entreprendre des travaux de mises aux normes du nouveau label HQE, ce qui ne sera d'ailleurs pas forcément faisable. Il aurait été cent fois plus intelligent, comme le propose le programme d'Alternative Libérale, de mettre un cahier des charges énergétiques à la construction ou à la rénovation d'immeubles, avec un objectif de résultats, le constructeur ou le promoteur restant libre des moyens à mettre en oeuvre pour parvenir au résultat. Mais cela n'aurait pas permis de faire proliférer des experts plus ou moins bidon. En revanche, on aurait vu les architectes et les ingénieurs BTP rivaliser d'ingéniosité pour installer des systèmes performants, donc créé un vrai marché pour les installateurs et poussé la recherche. Mais diable, je rêve, c'eût été libéral!
En resterons nous là? Sûrement pas. En matière de réglementation ubuesque nos politiques ont une imagination délirante.