A LA RECHERCHE DE LA CROISSANCE PERDUE

Publié le par Christiane Chavane

Les trois candidats vedettes de la présidentielle ont fait le même constat, et c'est parfaitement logique :

- La France a le plus faible taux de croissance d'Europe. Or si nous voulons résorber le chômage et nous désendetter, c'est par la croissance que ça passe. La Palice n'aurait pas dit mieux. Il était temps qu'ils s'en aperçoivent.

Le diagostic aussi est juste :

- La recherche et donc l'innovation sont au point mort. Or, pour rester dans la course de la mondialisation nous sommes "condamnés" à toujours faire mieux.

- Les entreprises n'investissent pas. Or c'est l'investissement qui produit la croissance, avec un décalage dans le temps : l'investissement crée l'emploi qui génère le salaire qui induit les achats, la part résiduelle servant à réinvestir etc. Ce cercle vertueux est cassé.

Bizarrement aucun des trois n'a fait le lien entre ces deux raisons de la non croissance : sans investissement, pas d'innovation. La raison est évidente : pour eux la recherche est obligatoirement publique. D'où les projets de pôles de compétitivité qui fleurissent dans leurs programmes. Or, dans les pays les plus innovants la recherche est fort souvent payée sur des fonds privés, que ce soit directement ou par l'intermédiaire de fondations ou d'universités travaillant directement avec des entreprises. En France, cela se fait trop peu. Le cloisonnement entre le public et le privé est un véritable mur blindé. Quelques fissures ça et là, mais pas assez. A l'université, l'idéologie anti-capitaliste domine (expérience vécue lorsque j'étais étudiante et ça ne date pas d'hier; depuis les choses ont empiré).

Bien entendu les investissements ne servent pas qu'à la recherche. Il y a aussi des investissements dits productifs, lorsque l'entreprise anticipe de nouveaux marchés, notamment à l'export. Or l'exportation aussi est en panne. Exporter coûte cher. C'est le 3e volet de l'investissement. La publicité, l'implantation de bureaux de vente ou la recherche de partenaires à l'étranger, l'embauche de personnel qualifié, notamment au niveau de la logistique et du commercial, les déplacements, éventuellement les salons professionnels, tout cela est très cher.

Les investissements, qu'ils soient productifs, en recherche ou pour créer des marchés à l'export, demandent que l'entreprise fasse des bénéfices - des profits, comme disent les anti-libéraux, anti-mondialistes, disciples de la décroissance écologique et autres nazillons de l'anticapitalisme. Il faut aussi qu'elle soit suffisamment capitalisée, et pour ça que les actionnaires aient envie de lui confier de l'argent. C'est bête, mais la prise de risque passe par le versement de dividendes de temps en temps. Le système des fonds de pension américain est génial dans la mesure où il pousse les salariés eux-mêmes à investir dans des entreprises, y compris les nôtres. Les retraités américains adhérant à ce système vivent plutôt bien, hormis les scandales de type Enron, qui prouvent bien que mettre tous ses oeufs dans le même panier peut être dangereux. En tout cas le niveau de confiance des américains dans leurs entreprises, grâce notamment à ce système, est remarquable et explique en partie la bonne tenue de l'économie américaine.

Les 3 prétendants font alors une constatation : il y a trop de prélèvements obligatoires. Hourra! Ils ont compris le problème. Croyez-vous? Ya ka faire une TVA sociale et le tour est joué. Les Allemands l'ont fait. Voire! Les Allemands ont fait passer leur taux de TVA de 16 à 19. Nous, nous sommes à 19,6 et notre taux de prélèvements obligatoires est sans commune mesure avec celui de nos voisins. Les salariés allemands gagnent très bien leur vie, comparés aux nôtres. Cette mesure qui ne s'accompagne d'aucune réduction des dépenses publiques ne serait qu'un moyen de faire de l'inflation en contournant le protocole de Maastricht, afin de limiter les remboursements de l'intérêt de la dette, qui pompe tout notre impôt sur le revenu. Les retraités qui verront leur petit pécule amputé chaque fois qu'ils feront leurs courses apprécieront. C'est un moyen de leur faire payer des cotisations supplémentaires de sécu, pour les punir de coûter de l'argent à la collectivité. Mais c'est oublier que pour ça ils ont cotisé toute leur vie. Si l'argent a été gaspillé, ce n'est pas leur faute.

La TVA sociale a bien d'autres effets pervers et je les ai déjà discutés dans un autre article. Je n'y reviens donc pas.

Pour relancer la croissance, il n'y a qu'une solution : laisser le libre choix des caisses de cotisation aux salariés, en accord ou non avec leur entreprise, afin qu'ils touchent un meilleur salaire et fassent jouer la concurrence. Peu à peu, diminuer le nombre d'emplois publics pour l'ajuster au nombre de leurs clients, quite à payer chez eux les fonctionnaires en surnombre le temps qu'ils se forment et retrouvent un emploi privé. Supprimer carrément les organismes inutiles, raccourcir les circuits de redistribution (impôt négatif) est aussi une nécessité. Mais il est bien évident que les cotisations de retraite doivent impérativement être assises sur les salaires. Sinon, gare aux surprises à la retraite!

Publié dans Economie

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S
La situation que vous décrivez est exactement celle que je ressens en tant que dirigeant d'une PME. J'ai beaucoup de mal à investir et à trouver les moyens d'exporter. Pourtant ce ne sont pas les idées qui manquent. Continuez à publier des articles le plus souvent possible, vos réflexions sont extrêmement pertinentes.
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P
Une petite compilation des affiches électorales de ces 30 dernières années, ça vous dis?<br /> Alors venez faire un tour par ici.
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