DES TENTES DANS LA COULEE VERTE
Des tentes rouges ont migré depuis hier du canal Saint Martin jusqu'au terrain en friche qui longe l'ancienne petite ceinture au niveau de la rue de Rottembourg. Nous ne savons pas s'il s'agit d'une opération organisée par les enfants de Don Quichotte ou si c'est de la simple récup. Toujours est-il que le quartier se clochardise de plus en plus. Bien entendu si au lieu de nous promettre une improbable coulée de verdure, la municipalité avait proposé qu'un tram silencieux passe sur la petite ceinture, nous n'aurions pas ce no man's land, qui, hormis l'anecdote des tentes, voit passer à longueur d'années toutes sortes de marginaux, entraînant des problèmes de tags, de caillassage, et même de cambriolages.
Il est infiniment triste de voir augmenter ainsi le nombre de sans abris. Encore plus triste de proposer encore et toujours les mêmes fausses recettes qui les ont conduits là où ils sont, et qui en conduisent d'autres chaque jour vers la même misère. Honteux de se disputer pour savoir qui est le plus nuisible, de la fausse droite ou de la vraie gauche. Mais le plantage de tentes sous le nez des Parisiens que l'on cherche à culpabiliser n'a qu'un résultat : il agace. Les Parisiens qui paient des impôts locaux préfèreraient que leur argent soit mieux employé qu'en passe-droits pour la clientèle municipale, et en projets de prestige non seulement inutiles mais franchement néfastes. Peut-être alors les SDF n'auraient ils pas à loger sous des tentes mais dans de vrais foyers, ou bien trouveraient ils (à condition d'être en situation régulière en France et de ne pas demander l'impossible) des logements adaptés à leur besoin et à leur budget.